Destination finale, de Belize a Honduras
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D'habitude on prend le temps d'écrire nos articles, simplement parce qu'on aime bien avoir la tête reposée et écrire avec un peu de recul.
Mais là, même si on a d'autres articles à écrire en attente, faut qu'on le lâche de suite. Comme un exhutoire.
Tout a commencé par une belle matinée ensoleillée a Placencia, ville du sud du Belize.
Nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'on allait filer direct au Honduras par bateau, histoire de gagner un peu de temps.
Donc le matin, vers 9h, c'est avec nos sacs à dos bien chargés que l'on arrive au tout petit embarcadère du village pour pendre l'unique bateau de la semaine. Bateau, ou en fait plutôt rafiot on va dire.
On se retrouve donc avec quelques passagers à partir, direction une étape intermédiaire où attendent une trentaine de locaux pour nous rejoindre avant la traversée.
Là déjà gros gros bordel, on se tape 2 vraies heures d'attente pour que l'unique cowboy qui gère les formalités de sorties de frontière fasse son taf. Lentement, mais leeentement...
C'est donc un peu énervés car ayant perdu 2h (et le timing est serré quand tu voyages la journée, car pas envie de voyager de nuit ici) sur un rafiot vraisemblablement bien surchargé que l'on entame notre traversée.
A ce moment là, tout va bien, tout le monde se parle, sourit, ou fait le beau, bref petite étape de voyage idéale en perspective.
10 minutes plus tard (la traversée se fait en 2h par beau temps), commencent les ennuis. La mer est plutôt bien agitée et là on commence à émettre l'idée que c'était un plan à la con.
20 minutes plus tard, notre rafiot tout moteur à fond, se trouve à perte de vue de toute côte et continue à faire de drôles de sauts à travers les vagues de plus en plus hautes.
Et là tu repenses à tout ce qui t'a fait flipper ces derniers mois et tu te dis que c'était pipo comparé à ça.
Puis tu commences à envisager le pire.
Tiens si ce rafiot pourri s'abîmait en pleine mer, comment ça se passe ? Tu finis en vieux fait divers, un énième bateau qui coule dans une mer que personne ne connait. Point.
Puis attends, je vois bien qu'y a pas assez de gilets de sauvetage sur ton rafiot. PUIS ATTEND, j'suis sûr que les sauveteurs ne nous retrouveraient pas dans ta mer, alors à quoi bon se battre avec les grands mères pour prendre leur gilet.
En plus y fait soif, donc comme l'eau de mer se boit pas, ben on va crever de soif.
Mais pourquoi, pourquoi POURQUOI on est là alors qu'on pourrait être au chaud, en train de faire nos papiers cadeau pour un Noël chaleureux en famille, hein?!
Bon comme je suis malin, je prends mon téléphone et regarde la carte google map. Là le point de géo localisation me place à peine au 5e du trajet. Agonie.
Maintenant je me dis ok, je mets l'iPhone dans un sac plastique.
Si jamais on prend une mauvaise vague et qu'on chavire je pourrais m'en servir quelques instants pour envoyer une photo de la carte à tout le monde sur Facebook en criant venez nous chercher.
Sauf que ça ne peut marcher que si tu as du réseau. Pas sur ce rafiot dans cette fichue mer. Re agonie.
Puis j'ai repensé à Di Caprio dans Titanic et me suis dit que je voulais pas finir comme lui.
Puis j'ai regardé mes jambes, qui tremblaient sévère.
Au passage tout le monde est maintenant debout ou la tête entre ses mains, avec un joli dégradé de blanc et vert sur les visages. Les gens sont pas bien là.
Je te passe les vagues que je me prends en pleine tête, finissant réellement trempé de la tête au pied.
Et comme si ça ne suffisait pas, dans la dernière demi heure, après être quasi mort à chaque grosse vague, qu'est ce que je vois pas au loin ?!
Une tempête, tu sais comme dans les films.
Le gros machin noir qui s'approche.
Là je me dis, cette fois ci c'est bon, on est fichus tu m'entends, FICHUS!
Je demande fébrilement à la nana pseudo assistante du mec qui conduisait le rafiot :
- On va pas dans la tempête nous hein, on passe à côté (faut l'imaginer dans un anglais/espagnol bafouillé)
Si, qu'elle me répond. Fin de l'agonie, début de notre mort assurée.
Manuelle, est pour sa part à deux doigts de vomir, et presque autant morte de trouille que moi.
Donc voilà notre fin. Juste comme ça, avant Noël, comme par hasard.
On arrive donc dans la tempête, ou plutôt elle arrive à nous a une vitesse hallucinante.
En fait, pas sûr que tu puisses l'éviter si jamais t'avais envie.
La suite fut abominable. Les pires 20 minutes de nos vies.
La remise en question totale de ce voyage de meeeerde.
Et pourtant, finalement, on arrive à bon port. Sonnés, nauséeux et complètement trempés.
Bref on arrive au port sous une pluie diluvienne.
Re formalités d'entrée de territoire, sous l'averse, car pas assez de place dans la guitoune qui sert de bureau d'immigration, grelottant, en attendant ton nom.
1/2 heure après, bien en retard au final sur notre planning initial on se prend un taxi, avec 2 autres personnes (du coin).
Sauf que le taxi est petit, vieux et déglingué et que nos gros sacs de 15 kilos trempés ça sera pas dans le coffre mais sur les genoux pendant 1h30.
Puis arrivés à notre avant dernier check point, la grande ville de San Pedro Sula, on doit encore prendre un bus, qu'on arrive à trouver on sait pas comment. Toujours aussi trempés.
On prend le bus, et là au bout de 5 minutes de trajet, un putaaaain d'éclair lumineux, un bruit sourd et tout le monde dans le bus (pas un car de touriste hein, le vieux bus miteux) se retourne.
Un arbre énorme vient de tomber sur la route à quelques mètres derrière notre bus, embarquant au passage les fils électriques. Non mais à quelques secondes près, c'était sur notre tête!
Et là Manu me dit a moitié en plaisantant :
- on est le 21/12/12, cherche pas, c'est la fin du monde.
Ou au moins du notre. Salauds de mayas avec leur calendrier !
Bref le bus continue, pendant que tu fais toi le point de toutes ces fois où t'as eu l'impression que c'était la fin.
2 heures de trajet où la nana d'à côté a rendu son repas, 2 longues heures de trajet en pleine nuit, avec un bus chargé à mort. Et évidemment nous deux, seuls touristes.
Et la destination qui nous paraît toujours aussi lointaine.
Pourtant on arrive. Après un loooooong trajet sans fin de 10 heures.
Pour faire à peu près 350 kilomètres hein, pas 1000.
Et tu le croiras ou pas, mais en ouvrant la porte de notre cabane, on tombe nez à nez avec une énorme araignée plus grande que ce téléphone avec lequel j'écris cet article.
Voilà.
Voilà pourquoi on s'est dit qu'on se souviendrait longtemps de cette journée de fin du monde.
Car on y a cru un moment.
Ah et le titre destination finale, c'est le titre d'un film ou les personnages se font "courser" par la mort qui essaie par tous les moyens de les faire leur faire casser leur pipe.
Nous quoi.
Bon et puis désolé pour les gros mots, mais fallait que ça sorte :)
wouahhhhhhhhhhh ct une putainnnnn de journée, merci pour cet article qui nous a fait rire aux larmes ac nico je vous imagine et, sachant que vous alllez bien maintenant, on riait de vos tetes !!!! faites attention les choupis plein de bisous ou ici il fait froid il pleut
On est viiiiiivaaaants!!! Sous une pluie diluvienne tropicale du Honduras...mais vivants :) bisous
Génial !
Ce truc de ouf!!!
Ben vous savez quoi ??!! vous lire de chez moi ça me suffit !!!! Putain mais je s'rais morte sur place !!!!