Sagada, petit village perdu dans la Cordillère des Philippines

Première vraie étape de notre voyage aux Philippines, la visite de Sagada, village un peu paumé au coeur de la cordillère centrale du nord de Luzon fut l'occasion pour nous de découvrir une petite ville de montagne assez typique, avec pas mal d'activités autour, comme la visite de grottes (bien périlleuses) ou la découverte de cercueils suspendus à flanc de falaises. Mais aussi l'occasion pour nous deux de découvrir nos premières rizières (nous n'en avions jamais vu) et la beauté des paysages environnants.

C'est donc après la bouillonnante Manille, bien trop grande et bruyante pour Seb et moi, qu'on a décidé de commencer la visite des Philippines en découvrant la région nord de Luzon, là où se trouvent les plus belles rizières du pays (et éventuellement du monde).

On ne sait pas vraiment ce qu'on est venu chercher ni ce qu'on allait découvrir ici aux Philippines (c'est un des avantages de ne pas trop se renseigner avant de partir), mais on savait déjà qu'on avait envie dépaysement, d'un peu moins de confort. Et on n'a pas été déçus.

L'arrivée à Sagada fut à la hauteur de nos attentes. Après quelques heures de bus, on arrivait là, dans un petite ville pas bien grande, nichée au coeur de montagnes embrumées. Pour y découvrir un mode de vie différent, un rapport au temps différent, et même des gens différents. Exactement ce qu'on était venu chercher.

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Sagada, village sous la brume

La brume restera probablement l'un des souvenirs que l'on gardera le plus longtemps de ces quelques jours passés dans cette petite ville philippine.

Pour des raisons que les philippins n'ont pas toujours su nous expliquer (enfin disons qu'on a eu autant d'explications que de personnes à qui on a demandé), il y a tout autour de la ville des feux, créant au fur et à mesure d'impressionnants nuages stagnant entre les montages. Et à mesure que la journée passe, les nuages se font toujours plus opaques, et l'odeur de feu plus présente. Pour bien se représenter la chose, il faut s'imaginer une odeur de feu de cheminée vraiment prenante, partout dans la ville, tandis que ciel s'assombrit à partir de 17h30.

Ce qui donne une ambiance assez hallucinante, quasi mystique. Nous qui voulions être dépaysés...

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D'ailleurs, en parlant de feu, il faut qu'on te raconte une anecdote assez révélatrice à vrai dire. Sur les 2 ou 3 jours passés à Sagada, on commençait à ne plus trop nous interroger sur la présence de fumées ici et là.

Jusqu'à ce qu'un après-midi, une fumée plutôt proche de notre guest House attire mon regard. Seb demande alors à une nana de la guest house si "là, la fumée juste derrière la maison est normale ?".

Et comme à chaque fois, on a eu droit à une réponse qui n'en est pas une, où la nana nous dit que "oui, oui, c'est normal". Quand 3 minutes plus tard, les cloches de l'église du bled se mirent à retentir dans toute la vallée, et que tous les hommes du quartier arrivèrent en cavalant avec des seaux d'eau près de la fameuse maison, qui était donc franchement en train de cramer devant nous.

A ce moment là, tu te dis 2 choses. Premièrement, tout autour, les baraques sont faites de bric et de brac, de taules, de bois, et de plein de trucs qui crament assez facilement. Et que donc, tout à coup tu te sens vachement moins en sureté :)

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Mais surtout, c'est cette drôle de sensation, d'assister à ce que les hommes ont toujours fait dans de pareils événements, c'est à dire s'entraider. Car ici, pas de pompier, pas de moyens pratiques d'éteindre un feu autrement qu'en s'aidant du plus grand nombre. Et en une demi heure, le feu fut maitrisé, et nous, un peu ébahis, tant on a tendance à oublier qu'encore partout dans le monde, des hommes vivent en communauté. Pas chacun de leur côté, la tête devant l'écran de téléphone.

Hormis cette petite anecdote, ces quelques jours passés à Sagada furent vraiment cools. Déjà, le temps commençait à ralentir (par rapport à notre référentiel de gens plutôt pressés que nous sommes).

Le matin, on se levait au son des cris de coqs (et ça n'était que le début, tout notre séjour fut "bercé" par les cris des coqs), puis on se baladait, on rentrait, pour prendre du temps, à rêvasser, regarder la ville s'animer un peu plus bas. Un vrai bon moment de voyage...

Bon et puis comment ne pas évoquer une autre particularité du pays, dont on commençait à peine à mesure l'importance dans le quotidien philippin : le Karaoké, si possible mal chanté.

Car comme tous les philippins, les gens ici aiment chanter. Et faut les entendre, pousser la voix sur une balade de Bryan Adams ou de Céline Dion, même s'ils sont seuls dans leur salon.

Et le dépaysement continuait à se faire de plus en plus présent.

Les cercueils suspendus d'Echo Valley

Le truc du coin à voir absolument ici, à part les grottes environnantes, ce sont les cercueils suspendus d'echo valley. C'est donc en allant réserver notre petite excursion au Tourism Center qu'on s'est trouvé un guide philippin absolument sans intérêt, plus là pour occuper ses journées en enchainant les balades en tongs avec les touristes de passage que pour partager un truc.

La balade en question, sans grand intérêt non plus, a le mérite de ne pas être trop compliquée et c'est au bout d'une quarantaine de minutes qu'on est arrivé devant les célèbres cercueils. Et évidemment là, le spectacle est tout autre. Assez rapidement tu en viens à te demander pourquoi et comment les mecs en étaient arrivés à accrocher leurs morts aux parois des falaises. Pour la petite anecdote, on y trouve aussi des chaises, accrochées là pour le rituel funéraire. Bref, une première pour nous.

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Bon, il semblerait qu'aujourd'hui le rituel n'existe plus vraiment, le dernier ayant été accroché au début des années 2000. Aussi étonnant que cela puisse être, ça n'allait pas non plus être les seuls cercueils qu'on allait voir.

Les grottes de Lumiang

Il y a dans les environs de Sagada de nombreuses balades à faire, et surtout de l'exploration de grottes, dont les fameuses grottes de Lumiang (et Sumaging). Les deux sont liées, puisqu'il est possible de rentrer par l'une et de ressortir par l'autre, moyennant 3 ou quatre heures d'exploration.

Mais le plus étonnant, fut pour nous la découverte de centaines de sarcophages (environ 200 selon le guide), essentiellement empilés à l'entrée de la grotte. Le plus étonnant reste l'absence totale de gardien devant le lieu pourtant chargé d'histoire.

Puis nous explorions les grottes de Sumaging...

La grotte de Sumaging (Big Cave)

Après avoir mâchouille ses feuilles de moma (no spitting moma qu'ils disent...), notre guide nous embarqua dans un périple digne d'un voyage au centre de la terre dans les profondeurs de la grotte de Sumaging.

Il faut essayer de s'imaginer le tableau. Notre guide qui allume sa lampe à gaz, une grotte immense et vraiment très profonde, et accessoirement pleine de chauves souris au dessus. Petit détail qui se rappelle à toi quand, à mesure que tu descends dans la grotte, tu cherches des endroits où poser tes mains et que le coté glissant de la roche n'est pas seulement dû à l'humidité ambiante mais aussi aux petites déjections par millions des chauves souris. Déjà à ce moment là tu sens que la descente va être funky.

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La descente est plus compliquée qu'on ne l'imaginait, essentiellement parce que ça glisse à mort et qu'il est très très facile de glisser et de tomber 3 mètres plus bas... C'était pourtant pas peu fiers qu'on avait alors enfilé nos chaussures de rando (des Merell s'il te plait). On se sentait donc prêts !

Mais c'était sans compter sur le côté franchement glissant, limite patinoire de la grotte, associé à des descentes quelques fois assez impressionnantes en rappel. Et tandis qu'on s'accrochait à ce qu'on pouvait, des bouts de rochers ici ou là, qu'on rampait pour descendre dans des positions heureusement non prises en photos, notre guide, toujours avec sa moma dans la bouche, sautait à droite, à gauche, accessoirement chaussé de superbes tongs.

Plusieurs heures d'exploration ont fini de bien nous crever. Mais on a franchement pris notre pied, ne serait-ce que pour le petit côté Indiana Jones de l'expérience.

Conseils

Dorénavant, l'enregistrement au Tourism Center et le paiement d'une taxe (35 pesos par personne) est obligatoire à votre arrivée à Sagada. Officiellement, c'est pour l'environnement.

Pour toute activité, la présence d'un guide est également obligatoire...
Pour les cercueils suspendus : 200 pesos pour un guide qui prend jusque 4 personnes... Vraiment pas nécessaire selon notre avis, en plus notre guide n'était pas vraiment consciencieux donc on n'a vraiment pas vu la plus value qu'il soit là, mais impossible d'accéder au site sans guide.

Pour les grottes de Sumaging : 500 pesos pour un guide jusque 4 personnes. Cette fois ci, c'est bien nécessaire, impossible de crapahuter dans la grotte sans accompagnement !

Et si vous aimez tout ce qui est cercueils et lieux funéraires, ne manquez pas la petite ville de Kabayan à une trentaine de kilomètres de là, ou vous pourrez carrément voir des momies !