Piton des Neiges à La Réunion : la randonnée (de l'enfer)
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Il faut que je vous raconte une histoire, qui après coup nous fait beaucoup marrer. Pourtant sur le moment, un peu moins :)
Lorsque tu viens à La Réunion, s'il y a une chose que tu ne peux pas manquer, c'est le célèbre Piton des Neiges, point culminant de l'île, offrant (parait-il) un spectacle à couper le souffle à quelques 3070m d'altitude. Notamment sur le superbe cirque de Cilaos.
Deux jours incroyables, avec à la clé un spectacle que nous n'imaginions pas...
Autant dire qu'en ce qui nous concerne, nous étions donc plus que motivés à l'idée de grimper au sommet de ce volcan.
Le programme allait être simple. Nous allions grimper une première partie, sur une durée d'environ 3h30 pour arriver au Refuge de la Caverne Dufour où nous passerions la nuit. Avant de partir, de (très) bon matin, avec la frontale, direction le sommet à environ encore 2 heures de marche. Autant te dire tout de suite, nous qui avons grimpé le Fitz Roy en Argentine, ou crapahuté à Torres del Paine au Chili, on y est parti... la fleur au fusil.
Voilà pour le contexte. Et c'est donc au beau milieu du mois d'aout, qu'on est arrivé au pied du Piton des Neiges et que l'on a commencé à grimper.
Première constatation, les décors de ce début de randonnée sont incroyables. On se retrouve en l'espace de quelques instants plongés dans une jungle qu'on croirait tout droit sortie de vieux films d'aventure. Je me souviens donc avoir un sourire grand comme ça, l'appareil à la main, Manue qui sautille devant ou derrière moi. Bref, on était bien. Inscouscient mais bien :)
Puis est venu un moment où je me suis dis un truc du genre "putain, ça grimpe là, non ?". Parce qu'évidemment, au bout d'une heure de montée, sans pause, tu commences à comprendre que tu vas pas y arriver si facilement au sommet de ce (foutu) Piton des Neiges.
Alors tu commences à mesurer tes efforts, tu évites de sauter comme un gamin d'un caillou à l'autre et t'essaies de voir, à travers la cime des arbres si tu arrives à apercevoir un petit bout de gite, un truc qui voudrait dire que l'effort est fini.
Sauf que la galère ne s'est arrêtée que 2h30 plus tard. 2h30 de montée, sur un chemin détrempé voire parfois boueux, avec une succession sans fin de marche sur des cailloux aux formes diverses et variées. Car bien sûr, on ne parle pas ici d'un petit chemin en pente ascendante hein. On parle d'une succession de pierres qui prennent à peu près toutes les formes sauf celle d'une marche. C'est parfois vraiment haut (50/60 cm), ça t'oblige parfois a t'accrocher à des branches, et ça commence donc à tirer pas mal au niveau des cuisses.
Bref, tu es là, en plein coeur d'une forêt primaire en direction du sommet de l'île de la Réunion.
Malgré les efforts, on reste complètement subjugués par la beauté du décor. Je me souviens d'ailleurs qu'à un moment, arrivés suffisament haut, la brume est apparue dans la jungle. Brume qui nous accompagnera jusqu'au sommet. Et là, tu oublies complètement l'effort, la galère, les marches manquées et les genoux qui piquent. Tu enfiles ta polaire, et tu plonges encore plus profond dans la brouillard, tu t'amuses à te perdre entre les arbres aux formes inquiétantes.
Et finalement, nous y sommes arrivés à ce gîte. Fatigués, étonnés du niveau requis, tout trempés (ahah fallait voir nos têtes). Mais heureux de trouver un peu de chaleur et de papoter avec d'autres "aventuriers" ayant eux aussi tenté l'ascension.
Après une très très courte nuit (3 ou 4 heures), Manue et moi avons donc repris la route en pleine nuit, pour accéder au sommet et tenter d'y voir l'un des plus beaux levers de soleil que La Réunion puisse offrir. Autant dire que nos yeux étaient tout petits, les jambes encore un peu lourdes mais la motivation au rendez-vous.
Et là... ce fut le début d'une des journées les plus longues de toutes nos aventures. Déjà, il a fallu grimper. Toujours grimper. Sans arrêt. Avec nos frontales, en pleine nuit, en se plantant régulièrement de chemin. Car encore une fois, ici pas de chemin tracé, non non. Juste un énorme tas de caillasse sur lesquelles il faut grimper, s'accrocher. Sans fin. Jusqu'au sommet.
Bien sûr, tout cela aurait été trop simple. Une petite pluie fine s'est donc invitée durant une bonne partie des 2 heures. Puis une température bien fraîche aussi. Suffisament fraîche pour que du givre recouvre les pierres. Et toujours cette sensation que tu vas bientôt arriver, MAIS NON ! Car le sommet est loin.
Et là tu comprends, assez naivement, que c'est haut 3000m. Sans télésiège, sans voiture, rien qu'en grimpant.
Et pourtant nous y sommes arrivés tous les 2, au sommet du Piton des Neiges.
Crevés mais heureux. Et pour tout dire, on ne s'attendait pas à ce décor là non, ni à cette ambiance. La brume, la pluie fine et la nuit nous ont littéralement donné l'impression de nous retrouver sur une autre planète. Une ambiance incroyable, difficile à décrire et à photographier.
Alors on a attendu que le brouillard se lève et laisse apparaitre la fameuse vue panoramique tant espérée sur les cirques dont Cilaos.
On a attendu.
Puis on a encore attendu. (pour rappel, les températures étaient négatives là haut, et nous, comme d'hab, pas vraiment parés niveau vestimentaire...)
En vain. Ce matin là, le brouillard et les nuages resterent accrochés au sommet du Piton des Neiges.
Voilà donc comment nous sommes arrivés au plus haut point de toute l'île de La Réunion, et même de toutes les terres se trouvant dans l'océan indien, sans jamais pouvoir voir à plus de 2 mètres. Ahah.
Tant pis pour le spectacle, à charge de revanche, on reviendra. En attendant, il fallait encore redescendre.
Et si tu as déjà fait un peu de grimpette et d'ascension, tu n'es pas sans savoir que la descente est souvent aussi dure, voire plus que la montée. Car là où les mollets et cuisses étaient mis à contribution en montée, ce sont les genoux qui ont pris cher à la descente, pendant... 5h30.
Cinq heure trente. Argggh !
Une descente sans fin, dont les 2 dernières furent vraiment éreintantes. Je me marre encore à nous revoir, Manue et moi. Chacun se regardant galérer, avec les guiboles qui tremblent. Et l'espoir sans cesse vain d'arriver au bout du truc. Car vraiment cinq heure trente de descente (après la rando de la veille et la montée de ce matin) sur des cailloux irréguliers est d'une difficulté incroyable.
C'était en plus sans compter sur tous les traileurs qui s'entrainaient pour la Diagonale des Fous et qui nous dépassaient gaiement en courant et sautillant d'un rocher à l'autre à une vitesse hallucinante.
Voilà donc comment nous avons vécu l'ascension du célèbre et superbe Piton des Neiges. Une aventure avec un grand A pour nous. Et même si on a l'air de râler comme ça, même si on a souffert physiquement, ce fut une expérience incroyable qu'on referait sans hésiter une seconde.
Ne serait-ce que pour espérer une nouvelle fois, voir le plus beaux points de vue de l'île de La Réunion.
Et bah dis donc, il faut avoir de l'énergie à revendre ! 👏🏻 Certaines photos (les premières) m'ont fait penser à la forêt interdite dans Harry Potter. 😁 C'est magnifique en tous les cas. 🙂
https://beautymakemyhappine...
Vous avez bien du en ch...mais après coup, c'est vrai que c'est celles dont on a le meilleur souvenir :)
Les photos de la première partie avec cette forêt primaires sont dingues!
ouai je pense d'ailleurs qu'on va en rajouter quelques unes, car ces quelques moments passés dans la brume furent très cool pour faire de la photo. Du coup on en a pas mal
Bravo les cocos ! Quelle ascension ! Et la forêt semble valoir à elle seule ce bel effort ! ;-)
Merci Vio ! oh oui cette forêt !!! <3
Vraiment impressionnante cette étape ! J'y vais dans quelques mois, j'ai pris bonnes notes. Merci :-)
Magnifique! J'adore les récits de randonnées (mais vous le savez). La forêt semble être féérique et presque magique. Dommage de ne pas avoir pu voir le lever du soleil au sommet. Il faudra retenter ;)
Ahah oui effectivement il faut arriver préparer pour ces randonnées ! La montée est dure (la descente l'est tout autant) mais le périple en vaut la peine ;)
Très bien résumé ;)